Dédé

Publié le par Catherine

 

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Dédé ( septembre 2003)

 

C’était le plus jeune des fils, mais pas le plus jeune des enfants, dans cette fratrie de sept.
Cet hyper sensible étouffait sous le mythe de ce père qui se tuait au travail et le soir dans son jardin familial.

Pour sa mère, il était né trop tard, elle ne pouvait étouffer deux enfants à la fois.
Il ne voulait pas finir, comme la plupart de ses frères chez Michelin.


En trichant sur son âge, il réussit à s’engager dans les commandos marines et partit immédiatement en Algérie.
A son retour, il ne fût jamais reconnu comme invalide de guerre, comme tous ses frères d’armes. Pourtant il pensait être le meurtrier de JFK.
Dans un de ses rares moment de lucidité (après 6 mois d'hôpital psychiatrique et la piqûre retard), il me raconta jusqu’à l’arrivée de mon père qui lui ordonna silence, les incursions dans les bleds de montagne, les viols et les massacres sous les yeux des enfants.

J’avais 17 ans et depuis les circonstances font que je ne l’ai jamais revu. Il m’envoie souvent des cartes postales et des saint Christophe pour mes filles.
Je me dis toujours que c’est lui qui a changé irrémédiablement le cours de ma vie et m’a conduit a faire le métier que je croyais faire par le plus grand des hasards.
André, je l’aime aussi car il me rappelle tellement mon frère adoré et ce qu’il serait devenu, si une putain de guerre aurait croisée son époque.

 

 

 

 


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