La nostalgie est ce qu'elle était

Publié le par Catherine

 

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Je vais prochainement participer à une lecture de poésie organisée par Frédéric Heberlé et j'ai retrouvé ce vieux texte qui correspond bien au thème de la soirée, les souvenirs.

Il trouve mes textes très tristes, celui-ci est un peu plus gai dans son développement.

 

La nostalgie est ce qu'elle était (2003)

 

Il y a quelques semaines, à l’occasion d’un mariage, je me retrouvais dans une salle des fêtes qui autrefois était le centre de visite médicale des colonies de vacances. Les murs avaient changé, depuis des années sûrement, mais soudainement je la reconnus avec ses odeurs d’éther et son brouhaha de mômes qui piaillaient soit par peur de la piqûre de rappel soit par la joie de retrouver les vieilles branches de l’année d’avant.



Les jours de départ, j’étais dans l’attente de retrouver la montagne, mais surtout Jacques le directeur, un vrai sosie de giscard et sa femme Miette.

Mon nez se souvenait avec délectation du gratin dauphinois de Gilbert pour lequel, je m’arrangeais pour, seule, l’aimer à une table, en plus du rab qu’il avait mis de par vers lui pour le piaf de la colonie.


Un mois avant le départ je commençais à m’angoisser a ce que ma sœur ne m’ait pas refilé un virus, négation de plaisir annuel.
Dès le stade Karl Marx, je n’avais aucun regard pour les moniteurs, mais cherchais la tête de Pascal, le manouche de Lamartine, Nadia et Valérie les louloutes de Paul Eluard, et ma Catherine que j’avais quitté un mois avant, sur les bancs de l’école.


On s’arrangeait toujours pour être ensemble dans le compartiment, 8 places, du wagon. On ne parlait jamais de notre année scolaire, ni de notre vie, mais des prochaines bêtises que nous pourrions faire et du dernier séjour. On commençait à noter les moniteurs en différentes catégories, de « je te la joue » à « cool ».


Une fois dans le car, qui nous montait au Mont, on jouait à celui ou celles qui voit le premier l’église du village ou les « Yeux de la sorcière ».


Puis, arrivés, nous étions, encore une fois, bluffés par la magie de cette petite vallée.


Je me souviens du pain, du chocolat ou des pâtes de fruit que nous transportions dans des sac à dos qui avaient au moins fait la guerre et auxquels, pour les descentes du Lac Béni,  nous remplissons de caillasses pour éviter les chutes dans notre folle course.
Je me souviens des bivouacs dans le refuge, des feux de camps et du chant des grillons que nous n’avions pas réussi à rôtir sur le feu.
Je me souviens de l’insouciance de ma première cigarette dans une grange pleine de foin.
Je me souviens du goût de la tomme directement acheter chez le producteur, de la limonade en bouteille de verre et des bonbons des colis ou  que l’épicier nous laissait malicieusement lui voler.


Je me souviens de la honte que je faisais à ma mère avec mes hurlements accrochée à Jacques, à mon retour.

Je me souviens surtout du dernier retour, du regard du père de Catherine qui disait à sa fille ta mère n’est plus.
Ce fût le dernier jour de mon enfance.

La colonie , après des années d’abandon, fût rasée.

 

 


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